L'histoire de la colline

   Né dans la maison de Tescelin le Sor, premier seigneur de Fontaine, et d’Aleth de Montbard, en 1091, Saint Bernard entraîne sa famille dans une aventure qui a transformé l’histoire des ordres monastiques, celle de la France, de l’Europe, de la Papauté. Son lieu de naissance fait la fierté de la ville de Fontaine : c’est le lieu de pèlerinages ininterrompus depuis bientôt dix siècles. La Maison natale attire les fidèles comme les amoureux de la culture et du patrimoine, fascinés par l’envergure spirituelle de ce fils de Bourgogne.

   La Maison natale de saint Bernard est située dans un écrin de verdure qui porte la marque de l’histoire. La grande chapelle, souvent appelée « basilique » par les Fontenois, a été édifiée par l’abbé Christian de Bretenières autour du huitième centenaire de la naissance de Saint Bernard en 1891. Le bâtiment renferme encore les murs du XIe siècle du château de Tescelin et d’Aleth, dont les pièces basses, lieu de la naissance de Bernard, ont été transformées en chapelle par les Feuillants en 1614.

   Le site est entouré de l’église paroissiale (XIVe-XVe siècles) bâtie sur l’emplacement de la chapelle Saint Ambrosinien édifiée par Aleth, du bois des Pères, de la pelouse Saint Nivard, du cloître des Feuillants : un ensemble calme et verdoyant, apprécié des promeneurs et des pèlerins, qui invite à la méditation et à la paix intérieure.

Evolution de la Maison natale à travers les siècles

Chronologie

  • Fin XIe siècle : Tescelin le Sor, chevalier de Châtillon-sur-Seine, se voit confier la colline par le duc Eudes Ier de Bourgogne pour y construire une forteresse. Il s’y installe avec son épouse Aleth de Montbard. Les sept enfants du couple y naissent : Guy, Gérard, Bernard, Ombeline, André, Barthélémy et Nivard.
  • 1102 : Aleth fait édifier une chapelle dédiée à Saint Ambrosinien, martyr arménien du IIIe siècle, à qui Tescelin attribue sa guérison. La chapelle se trouve à l’extérieur de l’enceinte, au bord de la falaise.
  • 1107 : Aleth meurt à 35 ans à l’étage du château. Son corps est inhumé dans la crypte de l’abbaye Saint Bénigne. Après l’entrée en religion de tous les enfants, et de Tescelin, le château devient la propriété de neveux.
  • 1463   : Le château est vendu à des particuliers.
  • 1614   : Les cisterciens de la réforme des Feuillants achètent le château, et avec la dotation royale de Louis XIII, transforment les pièces basses du donjon en sanctuaire et bâtissent un monastère attenant.
  • 1793  : Les Feuillants sont expropriés et chassés. La maison est vendue comme bien national. Le nouveau propriétaire ruine le monastère et transforme le sanctuaire en étable et en forge.
  • 1840 : Le château est acheté par l’abbé Renault, qui s’associera en 1868 l’abbé Christian de Bretenières et Félix Poilblanc.
  • 1878-1879 : Constitution de la société civile et particulière du berceau de saint Bernard. Acquisition et aménagement du parc Saint-Bernard (avec le Bois des Pères) pour les pèlerinages.
  • 1880-1884 : restauration de la Maison natale.
  • 1891 : Fêtes du huitième centenaire de la Maison natale et début de la construction de l’église du Centenaire (la « basilique »).
  • 1914 : Mort de Christian de Bretenières. La Maison natale est laissée à l’évêché pour ses œuvres. Différents projets s’y succèdent. 
  • 1953 : Fête du huitième centenaire de la mort de saint Bernard.
  • 1990 : la commune entame des travaux d’entretien, de réfection et de remplacement des toitures.
  • 2023 : L’archevêché de Dijon devient propriétaire du site et amorce sa restauration.

Dix siècles d'histoire

   L’histoire du château de Fontaine-lès-Dijon traverse les siècles. Avant la fin du XIe siècle, comme sa voisine de Talant, la colline de Fontaine semble vierge de toute habitation. Le duc Eudes Ier de Bourgogne, établissant sa capitale à Dijon, fait fortifier cette hauteur qui surplombe les routes qui mènent vers la Champagne et le Royaume de France.

La forteresse médiévale du XIe siècle

   Dans les années 1080, Tescelin le Sor, chevalier de Châtillon/Seine, s’y installe avec sa jeune épouse Aleth de Montbard, dans une forteresse qu’ils reçoivent – ou plus vraisemblablement – qu’ils bâtissent. Depuis l’éperon rocheux, le premier seigneur de Fontaine-lès-Dijon veille à la défense de Dijon. Là naissent et sont élevés les sept enfants du couple, dont le futur Bernard de Clairvaux. Après la mort d’Aleth à seulement 35 ans, chacun des enfants, entraîné par Bernard, entre en religion. Puis, quand Tescelin se fait moine à son tour à Clairvaux, la maison passe aux mains de neveux, puis de propriétaires privés qui n’ont plus de lien avec la famille.

Le sanctuaire et le monastère du XVIIe siècle

   En 1613, les moines Feuillants en font l’acquisition : ils achèvent de transformer en sanctuaire la chambre natale de Saint Bernard, édifient un monastère attenant, et commencent la construction d’une vaste église qui ne verra finalement jamais le jour. La Révolution disperse la communauté et efface les traces du monastère.

La renaissance du huitième centenaire de la naissance de Bernard au XIXe siècle

   Au milieu du XIXe siècle, l’édifice renaît grâce à l’engagement de plusieurs passionnés, dont l’abbé Christian de Bretenières. Des cellules et une bibliothèque sont aménagés dans les étages pour y accueillir une communauté qui desservira de nouveau les lieux. Pendant les fêtes de 1891 qui célèbrent les 800 ans de la naissance de Bernard, la Maison natale scintille toute la nuit, visible de tous les points de l’horizon, donnant le signal de sa renaissance.

   L’édifice actuel, pittoresque et éclectique, hérite de ces trois grands moments : en son coeur, les murs de la grosse tour médiévale où naquit Bernard, décorés par les Feuillants ; en façade et dans les étages, c’est la monumentale composition du XIXe qui signale à tous l’importance du lieu.

Un lieu de pèlerinages

   La colline de Fontaine est un lieu de pèlerinage depuis le XIIe siècle. Foules anonymes ou illustres pèlerins, comme Saint François de Sales, sont venus prier Saint Bernard, maître de sagesse et thaumaturge. Ils ont confié à son intercession de grands projets, comme la refondation de Cîteaux en 1898, des décisions personnelles, des examens, des malades, des vocations. Les ex-voto des chapelles royales en donnent un aperçu.

   La fête de Saint Bernard, fixée à l’anniversaire du jour de sa mort en 1153, est célébrée le 20 août. Mais à Fontaine, on célèbre en plus le premier dimanche du mois de septembre avec plus de solennité celui qui naquit en ces lieux. La grande relique y est alors exposée et portée en procession.

   Chaque année, à la fin du mois d’août, une marche à pied de Fontaine à Cîteaux, organisée par les associations jacquaires, rappelle le chemin que Bernard et ses trente compagnons firent en 1112 lorsqu’ils renoncèrent au monde pour embrasser le style de vie dépouillé du « Nouveau Monastère ».

Pour aller plus loin

   Retrouvez encore plus de contenu à propos de la Maison natale sur le site des Amis du Vieux Fontaine : www.lesamisduvieuxfontaine.org