La prière du Souvenez-vous, de Saint Bernard

La prière du Souvenez-vous, en latin Memorare, a été pendant longtemps attribuée à saint Bernard de Clairvaux (XIIème siècle). Celui qui a eu une grande dévotion à la Vierge Marie durant toute sa vie, premier homme à avoir appelé Marie : “Notre Dame”, à l’époque où l’amour courtois se répandait par les troubadours et les trouvères. Bernard a décrit lors de l’un de ses sermons le rôle de la Vierge comme médiatrice du plan de Dieu. “ Qui donc, ô femme bénie, pourra mesurer la longueur, et la largeur, la sublimité et la profondeur, de votre miséricorde ? “. C’est sans doute grâce à ce sermon que la prière du Souvenez-vous lui fut attribuée.
Cette prière paraphrase en effet la pensée de saint Bernard mais elle ne peut en réalité lui être totalement attribuée. La prière que nous connaissons aujourd’hui daterait du XVème siècle. Nous pouvons en effet retrouver sa trace pour la première fois en 1489 dans un ouvrage rédigé par un moine cistercien : Nicolas Salicetus. Elle n’apparaît pour la première fois dans son entièreté qu’au début du XVIème siècle, dans un recueil de prières destiné au secours spirituel des malades et des mourants. 

C’est la prière du Souvenez-vous qui sauva Saint François de Sales du désespoir en 1587. Celui qui était persuadé d’être inutile aux yeux de Dieu et était assailli de violentes tentations de désespoir, pria la Vierge avec cette prière, écrite dans la chapelle dans laquelle il se trouvait : “ô Mère du verbe incarné, ne méprisez pas les prières, mais écoutez-les favorablement et daignez les exaucer”. Aussitôt il fut délivré de son mal, retrouva la santé, le sommeil et l’appétit et décida alors de vouer sa vie à Dieu et à la Vierge Marie. 

La prière du Souvenez-vous a été extraordinairement popularisée grâce au Père Bernard (bourguignon, né en 1588), prière de son enfance, apprise par son père. Devenu prêtre, il consacre son sacerdoce aux repris de justice. Lui-même sauvé de la maladie grâce à la prière du Memorare, il fait imprimer des centaines de milliers d’exemplaires de la prière qu’il distribue dans les prisons. Il est raconté que le père Bernard réussit à convertir in extremis un condamné sur l’échafaud et qu’il put lui donner les derniers sacrements avant sa mort grâce à la prière du Souvenez-vous qu’il récita à voix haute pour cet homme. C’est ainsi que “la prière à la Vierge du père Bernard” pu entrer dans la culture populaire.
La prière entre un peu plus dans les foyers et gagne encore en popularité grâce à Pie IX qui lui associe des indulgences à la fin du XIXème siècle. 

Le Souvenez-vous exprime la confiance inébranlable en la Vierge Marie de ceux qui prie. Marie, Vierge secourable, a une compassion maternelle incommensurable, elle aime chacun de ses enfants, portant un regard particulier à ceux en souffrance. 

En français :

Souvenez-vous, ô très miséricordieuse Vierge Marie,
qu’on n’a jamais entendu dire
qu’aucun de ceux qui avaient eu recours à votre protection,
imploré votre assistance,
réclamé votre secours,
ait été abandonné.
Animé d’une pareille confiance,
ô Vierge des vierges, ô ma Mère,
je cours vers vous et, gémissant sous le poids de mes péchés,
je me prosterne à vos pieds.
Ô Mère du Verbe,
ne méprisez pas mes prières,
mais accueillez- les favorablement et daignez les exaucer.
Amen.

En latin :
Memorare,
O piissima Virgo Maria,
non esse auditum a saeculo,
quemquam ad tua currentem praesidia,
tua implorantem auxilia,
tua petentem suffragia,
esse derelictum.

Ego tali animatus confidentia,
ad te, Virgo Virginum, Mater, curro,
ad te venio,
coram te gemens peccator assisto.
Noli, Mater Verbi,
verba mea despicere
sed audi propitia et exaudi.
Amen.